EUROPE : HOMMAGE A ALAIN MALEGARIE

 


 

 

Veauche Jumelages et La Maison de l'Europe et des jumelages s'associent à sa famille et à ses proches suite à la disparition d'Alain Malégorie. Hommage avec l'article publié par l'Essor le 17 juin 2019 et le lien de l'actualité publiée sur notre blog du printemps dernier, soulignait son engagement européen:
Alain Malégarie : l'Europe au cœur

Convaincu, comme le disait Jean Monnet, que l'Europe est celle des petits pas, Alain Malégarie, européiste, est aujourd'hui un conférencier actif du réseau Team Europe. Pour l'ancien président de l'Institut de l'Euro, également fondateur et administrateur de la Maison des Européens, cet engagement est naturel. Au moment où la construction européenne s'apprête à reculer avec la sortie du Royaume-Uni, il continue de remplir cette mission de lutte.
Alain Malégarie : l'Europe au cœur

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Actualités Grand témoin Publié le 17 juin 2019 à 12h39, Julien THIBERT

D'où vous vient cet attachement à la construction européenne ?

De très loin, c'est évident, mais ma collaboration avec Jacques Delors a sans doute joué un rôle essentiel dans mon parcours personnel. J'avais certainement cette fibre européenne avant de travailler dans ses équipes, notamment pendant mes années d'études à Sciences Po Bordeaux, mais je pense que les choses se sont formalisées avec lui et que le sentiment est devenu conviction à cet instant. Cet homme m'a fasciné, tant par son humanisme que par son exceptionnelle compétence. J'ai collaboré avec lui entre 1981 et 1983 et il m'a transmis son ADN européen. Car la conviction européenne était permanente chez lui. J'aurais d'ailleurs pu travailler avec lui quand il a été nommé président de la Commission européenne, mais j'ai décliné cette proposition pour des raisons personnelles. Une chose est sûre, il a été la cheville ouvrière du rapprochement Kohl / Mitterrand, qui a permis la création de l'Euro.


Pourquoi avez-vous rejoint le cercle des conférenciers Team Europe et de quoi s'agit-il exactement ?

Team Europe est un réseau de conférenciers agréé par la Commission européenne, qui est présent dans tous les pays de l'UE. Attention, nous ne sommes pas là pour prêcher la bonne parole, mais pour informer les citoyens sur l'Europe. La Commission européenne ne nous donne pas de directive, mais nous invite à expliquer les choses en profondeur puisque nous maîtrisons le sujet. Tout l'intérêt de cette initiative repose sur la formule qui a été retenue : nous présentons brièvement le cadre européen et, ensuite, les gens qui participent à ces réunions d'information sont libres de poser toutes leurs questions. L'idée est vraiment de présenter l'Europe, ses institutions, son rôle et ses réalisations en toute transparence. En fait, nous sommes un peu là pour traquer les fake news qui se multiplient depuis quelques années.


C'est-à-dire ? Quelles sont ces fausses informations que vous devez démonter ?

Il y en a tant… Je me contenterai de vous donner deux exemples tout à fait édifiants. Récemment, l'extrême droite comme l'extrême gauche ont affirmé que 80 % des lois françaises étaient rédigées et finalement imposées par Bruxelles. C'est totalement faux. Il y a 21 % des lois entrant en application qui sont issues de l'Europe ; le reste ce sont des textes de loi purement franco-français. De même, lorsque les pourfendeurs de la construction européenne expliquent que l'Europe nous coûterait cher, ils mentent et oublient certains principes fondateurs. L'Europe a en effet été créée avec une triple ambition : coopération, cohésion, solidarité. Et chacun de ces mots a du sens. Nous sommes donc cinq pays contributeurs net : France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie et Espagne. La solidarité, cela signifie que les pays les plus riches doivent aider les autres à grandir. Certes, la France est contributeur net, mais l'Europe a des effets leviers et au final notre pays bénéficie largement de la construction européenne.

Dans quelle mesure ?

Quand nous apportons 19 Md€ au budget européen, nous recevons 14 Md€ à divers titres. Le gap est donc de 5 Md€. Mais nos entreprises gagnent des marchés très importants dans les pays qui bénéficient des fonds européens. Ainsi en Bulgarie, pays dont le développement est largement financé par l'Europe, avec environ 14 Md€ de fonds qui lui sont apportés, le réseau routier et plus généralement toutes les grandes infrastructures sont en pleine refonte. Et bien à l'issue de l'appel à projets qui a été lancé pour un contrat de 7 à 8 Md€, ce sont Eiffage, Bouygues et Vinci qui ont remporté le morceau. Je ne dis pas que nos entreprises remportent tous les marchés dans des pays comme la Bulgarie, la Roumanie, la Slovénie…, mais elles en sont néanmoins souvent bénéficiaires. Et on dépasse alors largement le cap des 19 Md€ évoqués précédemment. Par ailleurs, les impôts perçus sur les bénéfices de ces entreprises entrent aussi dans les caisses de l'État.

Comment expliquez-vous alors cette défiance, voire cette opposition à L'Europe ?

Il y a de nombreux facteurs qui permettent de l'expliquer, à commencer par le rôle des médias. Il y a clairement un déficit de prise en compte de la question européenne dans les journaux et sur nos chaînes de télévision. La campagne électorale a été quasiment absente des écrans et le déficit d'information se creuse. C'est encore pire qu'en 2014. Pourtant, quand on touche 18 à 20 millions de personnes tous les soirs, on a un véritable rôle à jouer. C'est d'autant plus inquiétant que les hommes et les femmes politiques de notre pays ne jouent pas non plus le rôle qui est le leur, y compris notre président de la République, qui est pourtant un européiste convaincu et assumé. Qu'est-ce qu'on attend ? Que l'ensemble des pays de l'Union Européenne basculent à l'extrême droite ou à l'extrême gauche ?


N'avez-vous pas le sentiment, néanmoins, que le manque de prise en compte des problèmes quotidiens des européens, en général, et des français, en particulier est aussi responsable de ce phénomène de doute ?


Je passe pour un propagandiste, mais quand je dis qu'il est faux d'affirmer que l'Europe est antisociale, je ne le fais pas sans argument. Oui l'Europe est libérale, mais c'est un libéralisme régulé. Je vous assure que le social est dans l'ADN de l'Europe, même si on ne me croît pas quand je l'explique. Attention, je ne dis pas que tout est parfait, mais il faut regarder les choses avec objectivité. C'est quand même l'Europe qui vient de décider, par une directive, qu'il faut respecter les 11 heures de repos compensatoire dont doivent bénéficier les forces de l'ordre. Pour le congé parental, c'est la France et 7 autres pays qui ont bloqué les avancées proposées par l'Europe. La Garantie Jeune, qui est le fruit de l'IEJ (Initiative européenne de la jeunesse) est une construction de l'Europe en 2014, et n'a été généralisé qu'ensuite en France. Et je pourrais multiplier les exemples de ce genre. Trop souvent, les États s'arrogent des réalisations qui sont nées de l'Europe. Comment s'étonner ensuite que les gens aient une aussi mauvaise image de l'Europe ?

Comment se fait-il que la désinformation l'emporte et que les discours comme celui que vous tenez soit aussi peu audible ?

Les europhobes sont sans doute meilleurs que nous pour faire passer leur message. Nous avons beau passer notre temps à allumer des contrefeux, ils sont toujours en avance sur nous. Ce qui est le plus terrible, en fait, c'est que des messages mensongers soient véhiculés sciemment par des élus de la nation. Lorsque Nicolas Dupont Aignan affirme qu'il y a 1 million de fonctionnaires à la Commission européenne, il sait pertinemment que c'est faux, puisqu'il y en tout juste 33 000, dont plus de 10 000 qui sont contractuels. Malheureusement, ce genre de discours vient résonner à l'oreille des gens qui se sentent exclus de la croissance dans des territoires excentrés. Il est clair, que le sentiment anti-européen est plus prononcé en milieu rural qu'en milieu urbain. La césure entre les métropoles et les zones rurales est de plus en plus profonde, tout comme entre les cadres et les autres.


Mais pourquoi les politiques rejettent-ils la construction européenne ? Et pas uniquement en France d'ailleurs…

C'est à la fois très simple et très compliqué. C'est schizophrène. Comment demander à un élu, dont le mandat repose sur la confiance que lui accorde son électorat, d'admettre que c'est grâce à l'Europe et non pas grâce à lui que des solutions sont apportées aux problèmes du quotidien. L'art de tout politique consiste à dire que ce qui ne marche pas vient de Bruxelles, tandis que tout ce qui marche est dû à son action. Je reconnais que ce n'est pas spécifique à la France, mais cela semble encore plus développé dans notre pays que dans les autres.

L'Europe ne s'est-elle pas élargie un peu trop vite ? N'aurait-il pas été plus judicieux de bien construire à 6 plutôt que mal construire à 27 ?

Il s'est passé quand même 14 ans entre la chute du mur de Berlin et l'entrée des premiers pays issus de l'ex-bloc communiste dans l'Union Européenne. D'autre part, nous avons considéré, à tort ou à raison, qu'il valait mieux les avoir dedans que dehors. Et je suis convaincu que c'était une bonne décision. Si nous ne l'avions pas fait, je pense qu'un pays comme la Bulgarie, par exemple, aurait de nouveau basculé du côté de la Russie. Durant cette période, nous avons fait le nécessaire pour qu'ils adoptent le droit européen et je pense que c'est globalement positif. Ensuite, il y a aussi une raison philosophique à cet élargissement. Ces peuples sont aussi européens que nous et, même s'il y a encore des problèmes à régler, nous n'avions pas le droit de les tenir à l'extérieur. Enfin il y a certes des pays avec lesquelles les choses avancent moins vite que prévu, comme la Bulgarie, la Slovaquie, la Roumanie… mais il y en a d'autres qui ont déjà fait un sacré pas en avant. Je suis donc convaincu que la construction européenne n'est pas un échec. Et je constate d'ailleurs que les observateurs ont une vision beaucoup plus optimiste de l'Europe quand ils n'en sont pas membres. C'est bien qu'elle ne manque pas d'atouts.


Propos recueillis par Julien Thibert
https://www.lessor42.fr/alain-malegarie-l-europe-au-coeur-23273.html


Florent TISSOT a participé aux Assemblées Générales ordinaires et extra ordinaires qui se sont déroulées le samedi 27 mars dernier par visio : retour sur les principaux enseignements au sein de l'institution régionale de nos voisins  de La Métropole de Lyon: 2 grandes figures "amies" de Veauche Jumelages y ont été à l'honneur:
- Alain Reguillon, bien connu à Veauche pour ses différentes venues en terre ligérienne ( et notamment lors de l'ouverture de La Maison de l'Europe et des Jumelages en mai 2019);
-Alain Mélagarie, qui nous avait fait l'honneur et le plaisir de sa présence lors des cérémonies officielles du 50 ième anniversaire de notre jumelage officiel avec Neu Isenburg en mai 2019 également.

Plus d'infos sur : https://www.lessor42.fr/alain-malegarie-l-europe-au-coeur-23273.html


Reparcourez l'actualité de notre blog du printemps dernier :
https://veauchejumelages.blogspot.com/2021/04/maison-des-europeens-de-lyon-du-nouveau.html

    
MAISON DES EUROPEENS DE LYON : DU NOUVEAU A LA MAISON DES EUROPEENS LYON ! UN CHANGEMENT DANS LA CONTINUITE
"Florent TISSOT a participé aux Assemblées Générales ordinaires et extra ordinaires qui se sont déroulées le samedi 27 mars dernier par visio..."
veauchejumelages.blogspot.com


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